Le miroir est franchi: nous voilà transportés de l'autre côté. Dans un monde magique et farfelu, peuplé de mystères et de créatures étranges. La parade carnavalesque prend possession d'Avignon dans un tourbillon de costumes, de masques, de gesticulations, de tirades et de chants. Sensation irréelle d'avoir glissé dans une dimension parallèle ou atteint les rivages d'un univers inconnu, un peu comme si tous les personnages de contes et de légendes avaient surgi des pages pour prendre chair et possession de la ville. Galerie de créatures étranges et chimériques, grimaçantes ou souriantes, difformes ou éthérées, grimées, poudrées, colorées, peinturlurées, fantastiques et fantasques, délurées, exubérantes, sautillantes ou en retenue, imperturbables… Dans les artères avignonnaises fantaisie et fabuleux s'écoulent dans un brouhaha bourdonnant, un tumulte vibrant et joyeux, prémices de rêves à visiter, d'histoires à conter, de pays à faire naître, de songes d'une nuit d'été… RDV à la parade du Festival OFF d'Avignon 2017, le jeudi 6 juillet entre 17h30 et 19h.
À commencer par celle du nô, évidemment. À suivre par celle des marionnettes, du wayang kulit, un théâtre indonésien d'ombres ici géantes, et projetées sur les hauts murs du palais des Papes. Par celle, encore, qui divise le jeu et la parole, chaque personnage étant interprété par deux comédiens; l'un, assis ou debout, mais immobile, prenant en charge le texte; l'autre, muet, l'exprimant physiquement par ses gestes, ses attitudes. En résonance totale avec ce qui est dit, ses mouvements sont autant de signes, des respirations. L'effet est troublant, entraînant, dans une atmosphère étrangement sereine, l'esprit cartésien sur des voies incertaines. On est à la fois ici et ailleurs. Dans le temps et hors du temps. Ce sentiment est renforcé par les percussions qui résonnent en permanence, obsédantes à la manière d'une partition de Philip Glass. Une musique ponctuée, inopinément, au tout début du spectacle, par les premiers accords de la Messe pour le temps présent créée par Pierre Henry dans la même cour d'honneur, pour un ballet de Maurice Béjart en 1967.
Cette nouvelle méconnue est proposée par le metteur en scène et cinéaste russe Kirill Serebrennikov, désormais libre de ses mouvements après plusieurs mois d'assignation à résidence dans son pays – il n'avait pu assister à son sublime Outside, créé pour le Festival 2019. Poésie arabe à l'honneur La foi, c'est également ce qu'il faut à la troupe sud-africaine de Dada Masilo pour planifier une troisième fois venue afin de danser Le Sacrifice: après l'annulation de 2020, ce Sacre du printemps revisité n'avait pu avoir lieu en 2021 pour raison de contamination parmi les danseurs. Pour le reste, la programmation sera classiquement marquée par les grands thèmes de l'époque. À LIRE AUSSI: Festival d'Avignon: de Deliveroo à la PMA, le off en résonance avec les sujets de société L'effondrement et la catastrophe – écologique, mais pas que – seront au cœur de Sans tambour de Samuel Achache, du Nid de cendres (une odyssée de treize heures! ) de Simon Falguières, de Futur proche de Jan Martens et encore de l'installation Anima de Noémie Goudal et Maëlle Poésy.
Avec le soutien de la Drac Auvergne-Rhône-Alpes, Région Auvergne-Rhône-Alpes, Centre national de la danse (Pantin), Carreau du Temple (Paris), Théâtre Ouvert (Paris), et pour la 71e édition du Festival d'Avignon: Fondation BNP Paribas Accueil studio Centre chorégraphique national de Caen en Normandie Avec l'aimable autorisation de Cinq7/Wagram Music Parler (Répète, Coloc, Les Grands) de Pierre Alferi est publié aux éditions P. O. L. Infos pratiques En savoir plus